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Prism, sous ce nom qui semble sortir tout droit d'un livre de science-fiction, se cache l'un des plus grands scandales de l'histoire politique des Etats-Unis. Une histoire, qui a fait le buzz ces derniers jours et n'a pas fini de faire des vagues.

Par Mohamed Ben Mosbeh*

Ce nom désigne le nouveau système de surveillance planétaire «made in USA», jusque là ce n'est pas très choquant, tout le monde sait que l'Oncle Sam a un œil sur tous les pays du globe; mais tout change lorsque l'on sait que Prism permet au gouvernement américain de piocher directement dans les informations personnelles que nous postons (de manière consciente ou pas) sur les services Internet.

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Big Brother is watching you

En effet, les sociétés qui ont accepté de collaborer avec le gouvernement américain, permettent à la CIA, la NSA et autres agences de renseignement de s'introduire directement dans leurs serveurs et de se «servir» en données. Parmi les sociétés impliquées dans l'affaire, nous trouvons Google, Yahoo, Facebook, Skype, Apple et bien d'autres.

Si vous n'avez pas saisi: tous vos emails, vos statuts Facebook, vos photos, vos vidéo-conférences sur Skype..., absolument tout est accessible directement par les services de renseignements américains, sans aucune autorisation, sans aucun motif.
Ce qui relevait hier de la paranoïa est aujourd'hui une réalité.

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Cette «bombe», au début fuitée par un jeune agent de la CIA, Edward Snowden, puis affirmée par la Maison Blanche, n'en finit pas de faire résonner son onde de choc et a suscité dès le début une vive réaction sur le web.

Pour parer à toute critique, le président Obama a sous-entendu, en affirmant son soutien au système Prism, que ce que le gouvernement américain faisait était tout à fait légal. Ce qui n'est pas faux, si l'on croit le président américain.

En effet, selon lui, Prism ne concerne que les demandes relevant de la surveillance des puissances étrangères, et puisque les étrangers ne sont pas protégés contre la «perquisition et saisies non motivées» comme le sont les Américains par le Quatrième Amendement, il n'y a aucune entrave légale au fonctionnement de Prism.

Mais même si les Américains sont rassurés que leur gouvernement ne mettra pas le nez dans leurs informations personnelles, ce n'est pas le cas pour les puissances européennes qui se disent «choquées», «ahuries» voire même «outrées».

Avant que le scandale n'éclate, quelques politiques européens ont tenté de modifier les législations sur la protection des données afin de parer aux ingérences «éventuelles» des programmes de surveillance américains. Ingérences qui sont aujourd'hui plus que réelles.

Les données personnelles menacées

Aujourd'hui, le débat reprend de plus belle et il semble être parvenu aux oreilles des haut dirigeants: Viviane Reding, la vice-présidente de la Commission européenne, a ainsi déclaré vendredi 7 juin qu'«un cadre juridique clair pour la protection des données personnelles n'est pas un luxe ou une contrainte, mais un droit fondamental» [Reuters].

Etrangement, les pays dont la réaction a été la plus virulente ne sont en aucun cas les pays les plus surveillés, ces derniers étant les pays asiatiques avec en première position l'Iran puis le Pakistan, la Jordanie et... l'Egypte. Ces pays apparaissent en rouge sur le BoundlessInformant, en quelque sorte, le moniteur des données collectées.

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La Libye et l'Algérie étant toutefois quelque peu surveillées, la Tunisie, elle, ne suscite apparemment pas d'intérêt chez l'Oncle Sam (ouf !).

Toute cette affaire nous donne à réfléchir sur le rôle de la technologie en général et des flux d'informations numériques en particuliers dans le monde d'aujourd'hui. Elle nous ouvre aussi les yeux sur un élément important de la Démocratie du XXIe siècle: la protection des données personnelles. Élément délaissé par nos politiques et qui ne fait jamais d'apparition au sein des débats sur le projet de la Constitution.