gouvernement larayedh 5 17Au rythme où avance la rédaction de la constitution et la préparation des élections, le gouvernement Lârayedh aura sans doute à préparer le budget de 2014 et même celui de 2015. Où trouvera-t-il l'argent dont aura besoin le pays.

Par Fadhel Ben Jbara*

 

Alors que Ali Lârayedh, chef du gouvernement provisoire a annoncé, en mars 2013, devant l'Assemblée nationale constituante (Anc): «Ce gouvernement est pour une période courte, de neuf mois environ, car nous sommes déterminés à ce que le gouvernement achève sa mission à la fin 2013 au maximum»... tout, hélas, semble indiquer que ce genre de promesses n'engagent que ceux qui y croient.

Encore une année ou deux avec la Troika?

L'Anc et le parti islamiste Ennahdha, qui domine la coalition gouvernementale, ont déjà avancé une bonne dizaine de dates de tenues des élections allant de mars 2013 jusqu'en décembre 2013. Mais on s'aperçoit, à chaque fois, que les dates avancées sont irréalistes. Le doyen Yadh Ben Achour n'a-t-il pas écarté toute possibilité de tenir des élections avant l'été 2014?

Par ailleurs, les erreurs commises par les députés dans la procédure de sélection des membres de l'Instance supérieure indépendante des élections (Isie) ayant amené le tribunal administratif de Tunis à sursoir à l'exécution de deux l'arrêtés du président de l'Assemblée nationale constituante (Anc) risque, selon le professeur Kais Saied, de retarder les élections pour plusieurs mois voire des années. Du coup, les députés de l'Anc, élus pour une année, en principe non renouvelable, se retrouvent mandatés sans mandat réel pour 3 années consécutives. Autrement dit le gouvernement Lârayedh aura sans doute à préparer le budget de 2014 et même celui de 2015 et d'arrêter les choix stratégiques du pays.

La Tunisie pourra-t-elle tenir debout encore une année ou deux avec la Troika? Ne faut-il pas aller sans tergiverser vers un gouvernement d'union nationale ou jouer à quitte ou double et risquer de faire entrer le pays dans une crise généralisée (bourse, administration, sécurité, régions...) annonciatrice de faillite.

Le pays risque de perdre sa souveraineté

Si en 2013 la Tunisie a eu tout le mal du monde pour boucler son budget, la situation en 2014 et en 2015 ne fera qu'empirer.

En attendant, la Tunisie vient avec le prêt annoncé du FMI de tirer sa dernière cartouche mais où trouver des bailleurs de fonds pour les deux années à venir? D'ailleurs, Houcine Dimassi, ex-ministre des Finances, a déclaré sur Express FM que «le prêt du FMI sert à des fins purement politiques et ne fait qu'aggraver la situation actuelle du pays».

Ainsi nos politiques se sont encore trompés car ils ont privilégié la neutralité des ministres des Affaires étrangères et des Finances. Ils ont vraiment la mémoire courte et le pays risque à nouveau de perdre sa souveraineté.

*Ingénieur.