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Mohamed Abbou vient de montrer une nouvelle fois aujourd'hui même sur Mosaïque FM qu'il est un personnage complexe et imprévisible. Selon lui, le fait que des députés et des ministres aient cumulé deux salaires n'est pas, en soi, une faute.

Par Faouzia Ben Jbara

A en croire l'ancien ministre de la Réforme administrative, l'affaire des responsables politiques ayant perçu un double salaire pendant plusieurs mois, qui a été révélée par le juge Ahmed Souab, lundi soir sur la chaîne Attounissia TV, aurait pour origine, «une faute administrative plus qu'autre chose». «Les bénéficiaires des doubles salaires ont commencé à régulariser leur situation en procédant au payement des sommes dues à l'Etat selon des échéanciers convenus» (sic !), a-t-il expliqué, sans ciller.

Décidément, M. Abbou n'a pas fini de nous surprendre puisqu'il minimise l'implication de ministres et de députés dans une affaire qui, sous d'autres cieux, auraient conduit à une série de démissions, plus honteuse les unes que les autres.

L'avocat et défenseur des droits de l'homme devient très touchant, par ailleurs, quand il déclare, dans la même interview, qu'il s'oppose fermement à l'octroi d'indemnités de logement aux députés habitant à une soixantaine de kilomètres autour de Tunis (Bizerte et Nabeul compris).

L'attaque menée contre M. Abbou par la député Mme Zoghlami (Ennahdha) semble plutôt dirigée vers son épouse Samia Abbou, elle même députée domiciliée à Nabeul. C'est pourquoi on souhaiterait savoir si Mme Abbou a bénéficié des fameux rappels des primes et si elle les a rendus au contribuable?

Il est surprenant cependant de constater que M. Abbou s'accommode du fait qu'un ministre (ou un député retraité) puisse bénéficier d'un double salaire pendant des mois, et qu'au lieu de restituer illico presto le trop perçu, il procède à la régularisation échelonnée de sa dette, profitant ainsi de sa situation de député ou de ministre de la troïka, la coalition au pouvoir.

Une telle attitude peut être, à la rigueur, acceptée de la part d'un quelconque fonctionnaire; auquel cas l'administration somme l'indélicat profiteur de rembourser le trop perçu à l'Etat. Mais s'agissant de ministres ou de députés du peuple censés combattre la corruption et la mentalité du «beylik» (l'exploitation des biens publics), cela est infiniment plus honteux et blâmable.

Sachant que certains ministres et députés ont été nommés depuis le mois de décembre 2011, les indélicats profiteurs des deniers de l'Etat auront donc totalisé pas moins 16 mois de salaires!

En adressant à l'Assemblée nationale constituante (Anc) un courrier «top secret», depuis mars 2012, où il suggère de mettre fin à ces abus, M. Abbou, alors ministre de la Réforme administrative, a peut-être soulagé sa conscience, mais, en réalité, il n'a fait que couvrir les dépassements de ses collègues – et alliés politiques – et peut-être aussi sa propre épouse, la «toujours indignée» Mme Abbou.

La non-transparence de l'ex-ministre dans cette affaire ne fait que semer le trouble dans les esprits et creuser davantage le fossé séparant les responsables politiques actuels des citoyens. N'est ce pas M. Abbou?