marzouki salafistes 22 3L'association Tunisien(ne)s contre le fascisme (TCF), créée récemment en France, s'insurge, dans le communiqué ci-dessous, contre les tentatives d'«islamisation de l'appareil d'État Tunisien».

Préoccupée par les atteintes répétées contre la neutralité des institutions, et vigilante contre toutes sortes de tentatives de remise en cause du caractère civique de l'État, l'association Tunisien(ne)s contre le fascisme (TCF) dénonce avec vigueur la confessionalisation rampante, entre autres, des administrations publiques tunisiennes «perpétrée» par les islamistes obscurantistes du parti Ennahdha au pouvoir.

La dernière tentative d'«islamisation de l'appareil d'État Tunisien» en date – qui a fait suite à la décision scandaleuse de Moncef Marzouki de confier à des salafistes, dont certains appartiennent à la mouvance jihadiste-wahhabite, une mission d'encadrement religieux dans les prisons tunisiennes – se présente sous forme d'un QCM (questions à choix multiples) proposé aux candidats à un concours de recrutement d'agents de la garde nationale, organisé par le ministère de l'Intérieur comportant une soixantaine de questions dont une douzaine prétendument sur «l'histoire de l'islam». On y trouve des questions telles que: quel est le Calife qui a compilé le Coran? Quelle est la sourate la plus longue et celle la plus courte? Qui a écrit le premier la «basmala»? Qui est la première femme dont on a amputé la main pour délit de vol?, etc. Toutes des questions relativement «pointues» nécessitant des connaissances précises en matière de religion, alors même que le poste auquel ils candidatent est éminemment civil, soumis aux principes d'égalité et de non-discrimination.

S'agirait-il d'une forme de sélection déguisée, destinée à écarter ceux dont l'islam est jugé superficiel et aléatoire et à privilégier les candidats remplissant un certain nombre de critères «correctement islamiques», dans l'intention d'homogénéiser en amont, le corps de la gendarmerie nationale, sur une base partisane et doctrinale, en contradiction totale avec les conventions ratifiées par l'Etat tunisien?

Outre les considérations juridiques relatives aux atteintes gravissimes à l'égalité citoyenne, et qui conduit à disqualifier (ou du moins à défavoriser) les Tunisiens non-musulmans, il s'agit de l'introduction de considérations religieuses au sein d'un corps de l'État d'une particulière sensibilité, chargé, en principe, d'appliquer et de faire respecter la loi sans discrimination aucune, de sexe, de politique, d'idéologie ou de religion.

Il s'agit là d'un précédent inouï d'une particulière gravité qui touche aux fondements même de la République et de la «civilité» de l'État Tunisien.

Tunisien(ne)s contre le fascisme s'insurge contre cette dérive fascisante consistant dans l'introduction, à «petites doses» et de manière insidieuse, du fanatisme religieux dans les organes étatiques.

- Nous exigeons, comme corollaire à l'annulation pure et simple de ce concours, le licenciement immédiat, pour faute grave, de tous les agents impliqués dans cette discrimination éhontée, et leur traduction devant la justice; de tels individus représentent un danger imminent pour la sécurité et la paix civile et ne peuvent être maintenus aux postes sensibles qu'ils occupent.

- Nous invitons toutes les forces vives de notre pays à défendre nos acquis républicains et à observer une vigilance de tous les instants pour contrer toute tentative de fascisation de l'État ou de la société tunisienne.

- Nous lançons un appel pressant à tous les syndicats des forces de sécurité tunisiennes afin qu'ils se démarquent de ces méthodes, et condamnent publiquement les tentatives de mainmise sur les institutions sécuritaires de notre pays. Nous les invitons à travailler à garantir sans discrimination la sécurité de TOUS les Tunisiens et à œuvrer pour l'instauration d'une police républicaine au service des citoyens et non des agendas du parti Ennahdha.

Pour une force de sécurité patriotique, républicaine et impartiale.

Vive la république, démocratique, civile et progressiste.

Paris le 25 avril 2013

Comité fondateur de l'association Tunisien(ne)s contre le fascisme (TCF) : Houcine Bardi, Néjib Baccouchi, Abdelatif Ben Salem, Mrad Gadhoumi, Nacer Jalloul, Anis Mansouri, Anouar Kanzari.

Illustration: le président (heureusement) provisoire de la république, le soi-disant laique, Moncef Marzouki, charge les prédicateurs salafistes wahhabite de l'éducation religieuse des prisonniers de droit commun.