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Quand l'inauguration de la place Chokri Belaïd à Sidi Bou Saïd est empêchée par des énergumènes des « Comités de protection d'Ennahdha» invoquant la «chariya» (légalité).

Par Rachid Barnat

Le maire de Sidi Bou a programmé, le 9 avril à 17 heures, l'inauguration de la place Chokri Belaïd, actuellement rue de la gare, en présence de Basma Khalfaoui, de Jawhar Ben M'Barek, de Sophie Bessis et bien d'autres personnalités.

Comme à leur accoutumé, des nervis du «Comité de protection d'Ennahdha» se sont invités à ce qui devait être une cérémonie d'hommage au martyr de la seconde république, Chokri Belaïd!

Prétextant l'absence d'autorisation du ministère de l'Intérieur, les nervis et à leur tête un type à la tête patibulaire habitués à la violence, s'apprêtaient à en découdre avec les sympathisants de Chokri et Basma Belaïd venus pour la cérémonie inaugurale.

Et comme d'habitude, ils sont parvenus à s'imposer au maire et à interdire le changement de nom de la place.

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Basma Khalfaoui, veuve du martyr Belaïd, prend la parole lors de la cérémonie perturbée par les sbires d'Ennahdha.

Le maire en colère rappelle qu'il a déjà débaptisé d'autres rues, telle que celle du «7-Novembre», qu'il a remplacée par le «14-Janvier», et une autre qu'il a baptisée «Lotfi Nagdh»... et s'étonne qu'on lui invoque le «règlement» à propos de «Chokri Belaïd»!

Puisqu'on lui oppose la «légalité», il en conclue qu'il était dans l'illégalité pour les changements déjà accomplis; et menace de retirer les nouvelles plaques pour redonner leurs anciens noms aux rues débaptisées... en attendant de légaliser tout à l'avenir, le nom de Chokri Belaïd compris... mais auquel il réservera mieux que la petite placette contestée : une grande avenue ou une grande place de Sidi Bou, promet-il!

Basma Khalfaoui en colère, elle aussi, qu'Ennahdha continue à s'en prendre à son mari même mort, s'indigne d'un tel parti et dénonce le régime dictatorial qu'il met en place !

Et comme d'habitude, la police était absente et ne viendra sur les lieux que lorsque la forfaiture du «Comité de protection d'Ennahdha» sera accomplie quand un jeune brandira le drapeau salafiste au dessus de l'abri de gare, comme pour narguer les participants dépités!

«Si Chokri Belaïd dérange tant Ghannouchi, c'est que ses partisans doivent être pour quelque chose dans son assassinat», disent certains commentateurs présents !

Sophie Bessis, en colère rentrée, m'a dit que les nervis d'Ennahdha font tout un cirque avec la religion... alors qu'une fois rentrés chez eux, ils prendront une ou deux bières... voulant dire par là, que ce sont de pauvres types dont Ennahdha exploite la misère matérielle et intellectuelle!

Or l'opposition comme l'Ugtt, en prolongeant une légitimité finie le 23 octobre 2012 à des constituants qui l'ont déjà perdue pour n'avoir pas respecté le mandat que les électeurs du 23 octobre 2001 leur ont accordé; et que ceux sortis de leur rang pour gouverner et présider la Tunisie ont perdue eux aussi pour n'avoir rien fait pour protéger les citoyens et leurs biens et pour empêcher les violences qui ont mené à l'assassinat de Chokri Belaïd, avaient exigé en contrepartie, entre autres conditions, la dissolution des Comités de protection de la révolution que tout le monde sait au service d'Ennahdha et du Congrès pour la République!

L'opposition et l'Ugtt auraient-elles donné un chèque en blanc à la troïka et à Ennahdha qui la domine? Comment tolèrent-elles le pied de nez que leur fait Ghannouchi et qu'il fait, par leur faute, aux Tunisiens?

Chokri Belaïd serait-il mort pour rien?