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Basma Chokri BelaidDiscours prononcé par l'auteur au nom des associations de l'immigration tunisienne en France, lundi, au théâtre Dejazet à Paris à l'occasion du lancement de la campagne internationale de soutien au Pacte de Tunisie des droits et des libertés.*

Par Tarek Ben Hiba

 

A l'heure où des corbeaux noirs obscurcissent le ciel de la révolution tunisienne, à l'heure où les libertés sont menacées et où la violence persécute, frappe, excommunie, insulte et tue; nous, les militantes et les militants démocrates et progressistes de l'immigration tunisienne en France, individus, associations et organisations politiques, dans notre diversité mais dans l'unité, répondons, comme à l'accoutumée, présent pour soutenir cette initiative.

Nous sommes présents comme nous l'avons toujours été pour défendre les libertés du peuple tunisien, la démocratie et les droits de l'homme.

Constituer un rempart inexpugnable contre les fanatismes

Cependant, et alors que notre chagrin est toujours immense et que notre peine est toujours très lourde, nous sommes aussi présents pour défendre la mémoire de notre ami et camarade Chokri Belaïd, lâchement assassiné après avoir été victime d'une longue campagne de haine et après avoir été désigné aux bourreaux comme un homme à abattre par les ennemis de la liberté, de la démocratie et de la «îlmaniya», c'est-à-dire la sécularisation.

Chère Basma, chère camarade et amie Basma, reçois toute notre sympathie, nos amitiés et nos fidélités, l'immigration démocratique tunisienne en France te salue et t'adresse ses sincères condoléances ainsi qu'à tes filles, ta famille et tes camarades qui sont nos camarades.

Ce soir nous faisons le serment de défendre la mémoire de l'immigré militant Chokri, qui je le rappelle, a vécu et milité avec nous à Paris et de se battre pour démasquer ses assassins et leurs lâches et vils commanditaires, quels qui soient et ou qu'ils soient même derrière un bureau ministériel ou dans le siège d'un parti politique au pouvoir ou non. Nous n'accepterons jamais la violence dans notre pays; la Tunisie ne se transformera pas en un Tunisistan.

Nous sommes présents comme nous l'avons toujours été pour protéger nos libertés, celles de notre peuple tunisien dont nous sommes une partie indissoluble.

Nous faisons de ce pacte notre pacte, car contrairement à beaucoup de conservateurs, de chauvins, de sectaires et d'intolérants, il fait des principes universels des droits de l'homme et de la déclaration universelle des droits de l'homme un rempart inexpugnable contre les fanatismes et contre le premier d'entre eux : le fanatisme religieux, aveugle, qui tue les meilleurs de notre peuple.
Il tue comme, il a tué et continue de tuer au Soudan, en Égypte au Liban, au Pakistan en Afghanistan et maintenant au Mali et ailleurs.

Faire reculer l'ignorance, le fanatisme et l'intolérance

Ce pacte armé des principes universels et des traditions civiles réformistes du peuple tunisien de son patrimoine culturel et religieux fera reculer l'ignorance, le fanatisme et l'intolérance. Car nos armes ne sont pas les leurs, nos armes sont pacifiques, ce sont nos crayons, nos feuilles, nos textes, nos dessins, nos tracts, nos banderoles et nos chansons.

Nous profitons de ce rassemblement pour les droits et les libertés pour encore une fois lancer un appel pour prolonger cette soirée, pour ne pas se contenter des occasions. Pour faire vivre ce pacte et toutes les autres actions nécessaires, nous devons créer un front civil entre les deux rives de notre Méditerranée, un front durable, démocratique pour canaliser toutes les forces, toutes les énergies, toutes les idées et tous les espoirs pour barrer la route aux ennemis de la libertés, qui sont nos ennemis, et maintenant on doit dire aux assassins de la démocratie et de la liberté.

Préparons ensemble les échéances de notre jeune révolution démocratique et nationale et laissons de côté nos différences héritées de l'ancienne Tunisie.

La victoire des libertés et de la démocratie ne s'improvisera pas; elle sera le fruit notre union et de nos actions communes.
Militantes et militants démocrates de l'immigration et de la Tunisie unissons-nous pour nous faire entendre, car nos gouvernants sont sourds; ils n'écoutent pas nos cris, notre colère et nos revendications; soyons fort unis dans notre diversité, groupons-nous et demain la démocratie sera le genre humain.

Gloire aux martyrs de la révolution.

Gloire à Chokri Belaïd, martyr de la révolution, du progrès et de la démocratie.

Vive la démocratie et à bas le fascisme.

Vive la lutte démocratique de l'immigration.

La révolution continue...

* - Ce pacte est initié par des associations tunisiennes comme l'Institut arabe des droits de l'homme, la Ligue tunisienne pour la défense des droits de l'homme, l'Union générale tunisienne du travail, l'Ordre des avocats tunisiens la section tunisienne d'Amnesty International.
** Les titre et intertitres sont de la rédaction.