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Les Palestiniens et leurs «frères» les arabes (1-2)

Voilà 65 ans que les Palestiniens attendent que leurs «frères» arabes les aident à recouvrer leur territoire et réparer une injustice que l'Occident leur avait infligée à la sortie de la 2e guère mondiale! Ils attendront encore...

Par Rachid Barnat

Le peuple palestinien, comme la plupart des peuples du bassin méditerranéen (Syrie, Egypte, Libye, Tunisie, Algérie), faisait partie de l'empire Ottoman.

A la chute de la sublime porte, l'empire ottoman a été partagé entre les nouveaux empires que sont les empires coloniaux: la France et l'Angleterre, entre autres.
Bilad Ech'cham ou la Grande Syrie, qui englobait l'actuelle Syrie, le Liban et la Palestine, sera partagé entre Français et Anglais. Les Palestiniens se retrouvent ainsi sous mandat britannique et la Syrie sous mandat français.

Si les Français ont permis la création du Liban pour assurer aux chrétiens arabes un Etat; les Anglais de leur côté, après tant de promesses non tenues et sous la poussée du sionisme, vont lâchement abandonner les Palestiniens à leur sort ou du moins remettre leur sort entre les mains de l'Onu, qui décidera du partage de leur pays en deux entités : une palestinienne et l'autre israélienne.

Le premier enfant de l'Onu : Israël

Pour le vote à l'Onu, la majorité n'a pas été difficile à obtenir: la plupart des pays «arabes» et africains n'avaient pas droit au chapitre, faisant partie eux-mêmes des empires coloniaux, français et anglais principalement. Et les Occidentaux «coupables» de la Shoah (par leur action directe, ou leur neutralité, ou leur silence parfois complice!), ce sera pour eux une occasion de racheter à peu de frais leur faute en accordant une terre qui ne leur coûte rien aux juifs d'Europe; et pour cause!

L'ex-Premier ministre israélien Ehud Olmert avec l'ex-président égyptien Hosni Moubarak, en 2008, à Paris

Et voilà comment est né le 29 novembre 1947, le premier enfant de l'Onu : Israël... D'un partage d'une terre accordée «généreusement» (par des nations qui n'avaient sur ces terres que le droit du colonisateur) à un peuple meurtri, en commettant une grave injustice à l'égard d'un autre peuple qui n'était pour rien dans les atrocités subies par les juifs d'Europe du fait du nazisme d'Hitler, et qui se retrouve à payer pour les fautes et les erreurs stratégiques des pays occidentaux démocratiques d'alors!

Avec la fin des empires coloniaux et suite à l'accession à l'indépendance des peuples colonisés, les nouveaux chefs des Etats du monde dit «arabo musulman», vont vouloir venir en aide à leurs frères palestiniens pour les aider à récupérer leurs terres... mais les déboires vont s'accumuler pour les Palestiniens à chacune des interventions du monde dit «arabe»!

C'était l'époque où le panarabisme était en vogue sous la houlette du raïs Gamal Abdel Nasser d'Egypte. Tous les chefs d'Etat d'alors n'ont cessé de flirter avec le panarabisme, faisant rêver leur peuple à une possible union des nations arabes regroupant tous les pays nouvellement indépendants, dont l'objectif premier était de libérer Jérusalem le troisième lieu saint de l'islam... sauf un plus réaliste et pragmatique, qui n'a jamais cru à ce leurre d'UN monde arabe unifié: Habib Bourguiba!

Arrivée à l'aéroport de Tunis-Carthage de l'avion israélien transportant l'ex-ministre des Affaires étrangères Silvan Shalom, en novembre 2005

Les Palestiniens regrettent de n'avoir pas écouté Bourguiba

Légaliste et clairvoyant, Bourguiba a conseillé aux Palestiniens d'accepter le verdict des Nations unies. Il leur a recommandé d'admettre dans un premier temps le partage proposé par l'Onu, qui les reconnaît en tant qu'Etat indépendant, quitte à lutter juridiquement pour récupérer une partie du reste de leurs terres... Ce que Gamal Abdel Nasser avait refusé catégoriquement en leur nom, traitant Bourguiba de traître à la nation arabe!

Seulement voilà, après tous les échecs et toutes ces années d'errance, les Palestiniens eux-mêmes ont fini par regretter de n'avoir pas écouté le sage Bourguiba! Conscients que cela leur aurait évité toutes les humiliations, tout le sang versé et toutes les souffrances inutiles... et surtout ils disposeraient au jour d'aujourd'hui d'un territoire plus important que celui qu'ils occupent... et que les Israéliens continuent à leur grignoter faisant fi de toutes les résolutions de l'Onu, et ce dans l'indifférence générale des nations!

Or Kennedy voulait faire d'une pierre deux coups : régler la question palestinienne, qui cristallisaient les ressentiments du monde arabe contre Israël, et s'attirer la sympathie de tout le monde «arabe» pour étendre l'impérialisme américain au Moyen-Orient.

Mais Nasser fera une grande erreur stratégique. Il va se fâcher avec les Américains pour tomber dans les bras de l'Urss! Et depuis, les Américains ayant perdu leur allié égyptien, vont tout miser sur Israël pour garder un pied dans une zone géostratégique très sensible, pour contrôler l'or noir de la région... tout en obtenant ce qu'ils voulaient auprès des «Arabes» et que leur accorderont les monarques de la région: des bases militaires entre autres! Et voilà comment les Palestiniens auront été les victimes du grand stratège égyptien qui les avaient sacrifiés pour sur l'autel de son ego !

L'émir du Qatar avec Tzipi Livni, ex-ministre israélienne des Affaires étrangères en avril 2008

Et depuis, les Palestiniens n'ont rien vu venir de leurs frères arabes sinon régulièrement des manifestations de rue pour contester les agressions israéliennes, en brûlant les drapeaux d'Israël et celui de leur grand protecteur américain ! Soutien moral certes, mais qui ne donne rien de concret sur le terrain : leurs problèmes restant entiers, s'ils n'empiraient pas!

Les Arabes n'impressionnent plus Israël

Cela tourne même au ridicule quand certains de nos constituants comme Chokri Belaïd proposent d'inscrire dans notre constitution la criminalisation de toute normalisation avec l'Etat d'Israël... ou de poursuivre tout israélien venant en Tunisie devant nos tribunaux, s'il est poursuivi par la justice palestinienne! Grotesque pantalonnade... électoraliste!

D'autant que les Arabes n'impressionnent plus Israël, conscient que cette prétendue nation arabe n'existera jamais, tellement les intérêts des pays sont divergents. Les plus riches préfèrent investir leurs pétrodollars en Occident tant décrié, plutôt que chez leurs «frères» arabes... et s'ils le font, la contrepartie exigée est difficile à admettre, car ce n'est ni plus ni moins qu'une ingérence de fait, voire une colonisation religieuse que veulent les pétro monarques! Une réalité que refusent d'admettre les rêveurs panarabistes comme Moncef Marzouki, le constituant promu président provisoire de la Tunisie, et son ami le panislamiste Rached Ghannouchi, qui livrent la Tunisie à leurs amis pétromonarques !

En effet, c'est un leurre que de croire qu'il existe un monde arabe ou encore un monde arabo-musulman, qui plus est serait monolithique!

C'est le fantasme de beaucoup d'hommes politiques idéalistes qui rêvent de reconstituer un califat englobant des peuples disparates sous une bannière commune, parce qu'ils ont en commun une religion, l'islam, et une langue, l'arabe, elle-même langue du Coran... pour leur coller une identité arabo musulmane! Sauf que ces rêveurs oublient de préciser quel islam et selon quelle obédience, car elles sont nombreuses !

Depuis l'indépendance des pays «arabes», des nations nouvelles se sont constituées, chacune riche de sa propres histoire, de sa culture et de ses traditions... les distinguant les unes des autres! Ce qui ne les a pas empêchés de créer une Ligue arabe, qui servira d'alibi à l'Onu. On l'a bien vu lors de la révolte des Libyens contre Kadhafi.

Or depuis la chute du mur de Berlin http://www.kapitalis.com/afkar/68-tribune/6379-les-etats-unis-le-salafisme-saoudien-et-les-revolutions-arabes.html, il y a une obédience qui cherche à se répandre dans ce prétendu monde arabe, soutenue par les riches pétromonarques: c'est le wahhabisme, dont beaucoup de peuple ne veulent pas!

A suivre...