La Tunisie a besoin de ses jeunes... et de ses vieux aussiSi la valeur n'attend pas le nombre des années, la jeunesse n'est pas une valeur en soi, pas plus que la vieillesse n'est une tare, surtout lorsqu'on a l'esprit jeune, lucide et ouvert.

Par Rachid Barnat

 Depuis que Béji Caïd Essebsi a décidé de reprendre du service en lançant son Nida Tounes (Appel de la Tunisie), certains grincheux ont cru bon de l'attaquer sur son âge! Et comme par hasard, ceux-là même qui le critiquent, ne pipent mot de leur favori Rached Ghannouchi, qui, comme tout le monde sait, est dans sa prime-jeunesse!

Un énième article dénigrant Caïd Essebsi m'a donné l'envie de répondre à son auteur, qui se présente comme un «spectateur engagé», mais qui ne dit rien du dinosaure Ghannouchi, pour reprendre son expression.

Les vertus de la connaissance et de l'expérience

Ce «spectateur engagé» a cru bon de faire de l'esprit à propos de ceux qui ne sont pas de son bord politique: «La Tunisie gouvernés par des immortels pris de torticolis ne pouvant contempler que le passé»!

Formulation correspondant parfaitement plutôt à Ghannouchi dont le programme a 14 siècles de retard sur ce à quoi aspire la jeunesse tunisienne dont notre «spectateur» engagé se veut le défenseur, et pour qui l'Histoire s'est arrêtée à ses déboires avec la police tunisienne, c'est-à-dire aux années 80!

La Tunisiens à besoin de ses jeunes

Quant au régime politico-religieux que Ghannouchi cherche à imposer à la Tunisie, il est effectivement des plus moderne !

Par ailleurs, vouloir exclure un homme de la qualité du professeur Mohamed Talbi est injuste.

Il est vrai que le tort de notre cher professeur, selon notre spectateur engagé, est d'avoir choisi de rejoindre Nida Tounes, seul à ses yeux capable de faire barrage à l'obscurantisme importé des pétromonarchies par leur valet Ghannouchi! Son désir de dépoussiérer la religion est réel et son enthousiasme pour le faire l'est tout autant!

Ceux qui ont eu l'occasion de l'écouter confirmeront sa jeunesse d'esprit et ses grandes connaissances pour débusquer Ghannouchi. Mais avoir des connaissances et de l'expérience est, sans doute, un tort pour notre «spectateur engagé»!

Ghannouchi et «sa» Tunisie moyenâgeuse

La critique de l'islam du professeur Talbi se veut constructive pour rendre attrayante une religion de laquelle beaucoup se détournent à cause des ajouts de traditions millénaires qui ont réussi à dénaturer le message premier: le Coran ! Et son désir d'adhérer à Nida Tounes traduit sa grande inquiétude de voir l'identité tunisienne disparaître pour être remplacée par une identité prétendument «arabo musulmane» alors qu'elle n'est que «saoudo wahhabite»!

Quand à Caïd Essebsi, qui mieux que lui pour préserver les acquis bourguibiens qui ont permis la construction d'une nation tunisienne et d'un Etat nouveau, moderne, libre et indépendant où les jeunes lui doivent d'être instruits grâce à sa volonté politique de faire de l'éducation sa première priorité...

Tous ces acquis que Ghannouchi veut détricoter pour construire «sa» Tunisie moyenâgeuse, plutôt son émirat d'Afrique suzerain du Califat d'Arabie, où la «tunisianité» sera remplacée par une autre identité, saoudienne celle-ci, sous prétexte de faire recouvrir aux Tunisiens leur identité «arabo musulmane» qu'ils auraient perdue!

«Quand on est con, on est con!»

L'âge est un état d'esprit, vous diraient beaucoup de spécialistes! Si celui de Caïd Essebsi et Talbi est jeune tourné vers l'avenir, celui de Ghannouchi est tourné vers le passé.

Et comme dit très justement Georges Brassens: «Le temps ne fait rien à l'affaire! Quand on est con, on est con!»

Et le jeunisme n'a jamais été une solution à lui seul.