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Le principe du wahhabisme, doctrine politique que cherchent à diffuser en Tunisie le Qatar et l’Arabie saoudite: cultiver l’obscurantisme pour mieux soumettre les masses populaires aux désidératas des gouvernants.

Par Rachid Barnat


Depuis la nuit des temps, l’homme a dominé l’homme par le biais de ses croyances. Ceux qui ont compris le pouvoir de la religion, l’ont instrumentalisée pour mieux soumettre les hommes.

Les pharaons l’ont fait; les rois catholiques l’ont fait, les califes l’ont fait... Mais celui qui aura le mieux organisé ce système politico-religieux, c’est l’imam Mohamed Ibn Abdelwahhab, fondateur du «wahhabisme», schisme qui prône la soumission totale de l’homme aux représentants d’Allah sur terre que sont :

- le chef spirituel ou l’imam, interprète autoproclamé d’Allah;

- et le chef temporel roi, à savoir le sultan, le calife... défenseur autoproclamé de la foi!

Le contrôle du croyant et de sa soumission à Allah et à son chef utilise des concepts simples voir simplistes, adaptés à des bédouins du désert d’Arabie: l’unicité de Dieu qu’il faut entretenir par des pratiques quotidiennes allant jusqu’à occuper l’esprit de l’homme par une codification de ses gestes et de sa parole, l’obligeant à respecter et à distinguer en permanence entre le «halal» (licite) et le «haram» (illicite), à discerner entre le «bien» et le «mal», jusqu’à l’obsession; au point de le détourner de tout le reste… et des faits et des gestes du chef, en l’occurrence du roi Ibn Saoud !

Et quel meilleur moyen pour soumettre les hommes que de contrôler leur sexualité. D’où le statut de la femme dans le wahhabisme: objet sexuel, source du mal absolu, diable tentateur... qu’il faut soustraire au regard concupiscent des hommes sous des burqas, ce qui ne fait qu’augmenter la frustration des hommes.

D’où la multiplication des interdits (haram), concernant surtout la femme, que ne cessent de décréter, par des «fatwas», les imams de service.

Un deal conclu entre l’imam Abdelwahhab et le chef de la tribu guerrière des Ibn Saoud assure la bonne marche de ce système politique machiavélique!

L’imam ayant décrété (par une «fatwa»), que toute contestation du roi est assimilable à de la «fitna» (discorde, zizanie...); et donc punissable de la peine de mort!

L’imam, accordant ainsi un pouvoir absolu au chef de la tribu Ibn Saoud, exige de celui-ci de diffuser le wahhabisme dans le monde entier!

Ce que font les Ibn Saoud par tous les moyens : argent, armes, guerres (Al Qaïda, Ben Laden…), médias (TV et autres), formation et envois d’imams à l’étranger, ouverture et financement d’écoles coraniques, de mosquées, de centres «culturel», d’université… à l’étranger… et que l’émir du Qatar cherche à leur ravir ce «privilège» en leur faisant de la «concurrence»!

Le principe du wahhabisme: cultiver l’ignorance et l’obscurantisme pour mieux soumettre et dominer les masses populaires; pour le grand bien du roi comme pour l’Occident, qui préfère faire des affaires avec des dictateurs toujours plus accommodants!

Pour cela il suffit d’instrumentaliser le sacré et de manipuler la religion pour mieux asservir les hommes. Ce que Mohamed Abdelwahhab et le chef Ibn Saoud ont parfaitement bien compris!

Il est donc maintenant très clair que c’est bien l’Arabie Saoudite et le Qatar qui entendent profiter des révolutions dans les pays arabes, et je dis clairement que les Tunisiens patriotes qui aiment leur pays, qui veulent préserver son indépendance acquise de haute lutte par nos ancêtres, doivent lutter de toutes leurs forces contre ces nouveaux colonisateurs qui veulent abêtir la masse et instaurer une dictature religieuse.

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